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Aurillac Auto Expertise - Aurillac - Les programmateurs restent sereins, la désactivation de l'AdBlue perdurera
La rumeur voulait que les centres de contrôle technique soient prochainement en mesure de détecter la désactivation illégale des systèmes AdBlue. Il n'en est finalement rien ; au grand bonheur des programmateurs spécialisés, qui se préparent néanmoins à des changements à moyen terme.

Vous l'avez entendue et lue un peu partout. Et pourtant, la rumeur faisant état d'un durcissement du contrôle technique automobile au 1er janvier 2025 n'est pas avérée. « Aucune modification de la réglementation du contrôle technique n'est prévue à cette date, ni concernant le contrôle des émissions polluantes, ni au sujet du contrôle des éléments de sécurité du véhicule », a ainsi rappelé le syndicat Mobilians début novembre. Il semblerait qu'une confusion ait eu lieu avec la collecte des données de l'On Board Fuel Consumption Monitoring. Si cet OBFCM est bien en mesure de dévoiler la consommation d'énergie d'un véhicule, il ne peut pas remarquer si l'AdBlue a été désactivé. Là est bien l'essentiel, pour les programmateurs spécialisés.



Une modification électrique simple

Débarrasser un véhicule de cette technologie de réduction catalytique sélective (SCR) ne relève d'aucune sorcellerie. Il s'agit seulement d'une modification électrique sur le système de gestion du moteur (ECU) permettant de désactiver le suivi d'AdBlue. Ainsi, l'ordinateur de bord est trompé et ne prend plus en compte les informations liées à cet élément. Il n'empêche plus le véhicule de rouler sans. Autrement dit, aucune modification physique n'est réalisée sur la voiture. Cette prestation est réalisée par des garagistes comme par des programmateurs spécialisés, qui le facturent environ 250 euros. Chaque automobiliste est informé de l'illégalité de ce procédé, mais la rumeur de fin octobre leur a visiblement servi de piqûre de rappel.




Des clients paniqués par la rumeur

Il faut dire que l'article L318-3 du Code de la route fait mention d'une amende allant jusqu'à 7 500 euros en cas de dégradation du système antipollution. « J'ai reçu un nombre d'appels pas possible, mes clients étaient en panique et je passais plus de temps à les rassurer au téléphone qu'autre chose », nous raconte un programmateur situé dans le Doubs, souhaitant rester anonyme. « Nous aurions été prévenus si une telle mesure devait rentrer en vigueur, on connaît tous des contrôleurs et eux-mêmes n'étaient pas au courant de cette potentielle modification. » Un autre professionnel, situé dans le Val-d'Oise, a également eu besoin de calmer quelques clients : « la rumeur a eu son petit effet sur la clientèle, mais ce n'est pas de sitôt que les choses changeront. »



Une suppression difficile à détecter

En Belgique, le contrôle technique sera vraiment renforcé à partir du 1er janvier 2025. Sur le papier, la désactivation du système AdBlue est visée. Mais qu'en sera-t-il sur le terrain ? « Il se dit que les contrôleurs se brancheront sur la prise OBD pour remonter les défauts, mais cette méthode ne permettra que de voir si les calculateurs ont été modifiés, pas s'ils l'ont été pour désactiver l'AdBlue, continue le programmateur franc-comtois, dans l'état actuel des choses, le pire qui puisse arriver est d'avoir la mention ‘contrôle pollution impossible', même en mettant une sonde directement dans l'échappement. » La personne la mieux à même de détecter ces désactivations est finalement le programmateur. Ils sont d'ailleurs régulièrement mandatés par des assureurs dans le cas où un véhicule accidenté est susceptible d'avoir été modifié pour être plus puissant.




Les professionnels s'y préparent

Avoir le bon équipement paraît donc nécessaire. Interrogé par Décision Atelier, un contrôleur technique parisien indépendant nuance : « ce n'est pas tant une question de matériel, il est également possible que des mises à jour nous permettent d'avoir de nouveaux relevés via la prise OBD. » Les programmateurs à qui nous avons parlé sont néanmoins unanimes, le législateur finira par s'attaquer à la désactivation de l'AdBlue, et par la même occasion à la suppression du filtre à particules. « On a largement le temps », tempère un garagiste essonnien proposant ces deux prestations pour les véhicules diesel. « Oui, ça arrivera tôt ou tard, mais même quand ce sera le cas, il faudra attendre entre un et deux ans pour que le dispositif soit fonctionnel et que des automobilistes soient réellement placés en contre-visite pour ce motif », ajoute-t-il dans l'anonymat.



Il n'en reste pas moins que ces professionnels ont eu un coup de chaud, notamment ceux dont c'est la principale source de revenu. Au même titre que leurs clients. « Cette rumeur voulait faire peur aux gens, et ça a bien fonctionné », soupire le Doubien, qui propose la réactivation du système AdBlue gratuitement sur présentation d'une facture. Lui comme ses compères ne sont pas des plus inquiets. L'emballement médiatique autour de cette fausse annonce a certes refroidi les plus timides, mais les gros rouleurs continueront d'avoir recours à la désactivation. De l'ambulance à l'utilitaire du fleuriste en passant par le poids lourd, quelques minutes passées dans les ateliers de reprogrammation suffisent à donner un aperçu de la clientèle type ; « honnêtement, s'il n'y avait pas autant de pannes, tous ces gens resteraient dans la légalité. »

Source : https://www.auto-infos.fr